Ce jour-là du mois d'août nous nous étions " débarrassés " de nos enfants.
Pays lointains et vacances, amies et petit ami avaient réussi à faire de nous des parents sans enfants, des parents libres, presque plus des parents, pour une soirée… Et là en rentrant dans notre petite voiture avec Marie nous avons commencé à penser à notre repas du soir et à nous dire que des presque pas parents n'avaient pas non plus envie de cuisiner, juste envie de profiter et à peine de manger. Et en arrivant dans notre petit village nos estomacs ont poussé le même cri, un grec ! On va se faire un grec ! Un grec sans enfants, égoïste et heureux.
On avait alors juste envie d'entrer chez Ali notre grec de Turquie à nous, de hocher la tête pour la salade, pour la tomate et les oignons, juste envie de s'asseoir et de se manger notre casse-croûte avec la sensation de ne pas arriver complètement à retenir la sauce dans sa bouche et d'avoir pendant ce temps-là le main qui tripote celle de l'autre avec bonheur. Notre grec de ce soir-là était la preuve que nous n'étions pas que des parents…

C'est comme ça que nous sommes rentrés chez Ali avec dans les yeux ses petits pains faits dans la cuisine de sa femme, sa viande parfumée, ses garnitures toujours fraîches… c'est comme ça que nous sommes arrivés avec des appétits d'adolescents. Et là devant chez lui nous avons lu le petit papier collé sur sa vitrine, un petit mot qui a sonné la fin de notre récréation, un petit mot tout simple… en vacances qu'il y avait écrit dessus. Ali était en vacances pour six semaines et nous finalement nous étions toujours des parents…
J'ai toujours aimé m'attraper un kébab à la volée pour assouvir une faim de passage. J'ai depuis longtemps abandonné les tristes jambon-beurre de bistrot et même les tartines de camembert que j'aimais tremper dans mes cafés matinaux, des tartines que les bistrotiers osent maintenant à peine proposer. J'ai toujours aimé cette viande accompagnée des inévitables salade-tomate-oignon, j'ai toujours aimé ça, à chacun ses défauts. Et après ce soir-là, la douleur de l'absence d'Ali digérée, je me suis demandé ce que j'aimais dans ces drôles de casse-croûtes qui ont envahie nos villes et je me suis dit qu'une bonne autopsie…
Du coup en attendant le retour d'Ali, je suis parti sur les routes à la recherche du meilleur kébab du monde.

Le grec c'est une alchimie, un équilibre, il faut du pain, de la viande, la trilogie rafraîchissante salade-tomate-oignon et après tout ce que l'on veut, de la sauce et des frites souvent et quelques fois la sueur du malheureux attaché devant le grill... Mais pour ma recherche je me suis dit qu'il fallait rester pur et dur, un grec salade sinon rien ! Et voilà mes deux premiers testages-goûtages qui vont sans doute éclairer ce qui fait le bon ou le mauvais pour moi.
Testage-Goûtage N°1 Un bon, quelque part sur la route de la Reine à Boulogne-Billancourt 4Euros50
Un grecque que je jette jouant les clients ordinaires alors qu'à l'intérieur j'ai de l'Oracio Caine et du Grissom en moi ! Un grec qui marche me dit l'aimable qui se liquéfie la trancheuse à la main. Et pendant qu'il découpe, je regarde la salade qui trahi malheureusement quelques heures de vol mais sans toutefois que ce soit dramatique. Dans une case de mon esprit je coche " ça ne sera pas le meilleur du monde ".
Quelques minutes plus tard je repars avec mon casse-faim et en le déballant un pain croustillant rempli généreusement de viande parfumée… dommage qu'elle soit trop hachée que se dit l'expert qui sommeille en moi… Il est temps de passer aux choses sérieuses, je sors la balance, et là dans ma petite voiture je décortique la chose et le verdict tombe 230g de sandwich pour 130g de viande.

Au total bon pain, bonne viande, et à quelques détails c'était donc presque le sans faute… Un bon !
Testage-Goûtage N°2 Un Mauvais, quelque part du côté de Beynes 5Euros
Je passe souvent devant celui-là et cette fois je m'arrête. L'accueil aimable du couple me met de bonne humeur, j'ai toujours aimé la cuisine des couples souriants, peut-être l'espoir de recevoir un supplément d'amour comestible. La salade est fraîche et mon appétit souriant… Mais malheureusement tout va basculer dans la 5e dimension de la viande à la broche et se transformer en carnage à Grec-city !
Le pain ressemble à ces éponges, celles que l'on jette dans les baignoires et que l'on regarde gonfler, gonfler, gonfler… avec un regard d'enfant. Sauf que là l'éponge c'est mon pain ! Et puis je vois l'aimable découpeur sortir discrètement une petite barquette, la passer au micro-ondes et ajouter la viande cachée-là à celle toute fraîche coupée et hop dans mon casse-croûte…

Et quand il passe à l'épreuve de la balance le pire se confirme, 230g de grec pour 75g de viande…
Au total, l'impression de manger une éponge garnie de viande brûlée par endroits et mal cuite à autres… le goût ne valant pas la peine de s'user les doigts. A classer directement dans la case Un mauvais ! Voire un très mauvais !
Et vous au fait vous êtes grec ou pas ? Vous avez de petites adresses que vous passez sous le manteau ou de jolies recettes à faire à la maison ? Y'a-t-il un grec qui sommeille en vous ???
Quant à moi je repars dans ma quête du meilleur kébab du monde avec bien d'autres questions… Mais ça c'est une autre histoire…
Mais pourquoi, d'ailleurs bordeaux ou bourgogne avec un grec ? est-ce que je vous raconte ça…