J'ai toujours pensé qu'un blog est
comme une maison, comme ma maison…
Et comme pour ma vraie maison, ce que
j'aime ici aussi, c'est ouvrir les portes et laisser ceux qui le
veulent bien y entrer, s'installer et faire comme chez eux.
Pascale fait partie de celles qui
viennent dans ma maison, la vraie, pas assez souvent à mon goût
d'ailleurs, mais aussi à qui j'ai déjà ouvert la porte de cette
autre maison virtuelle qu'est mon blog. Simplement parce que j'aime
sa manière d'écrire et ce qu'elle raconte qui est souvent bien plus
que des recettes et parce que finalement plus on est de fous…
Et cette fois elle m'a proposé
d'écrire une série d'articles consacrés au Roquefort après un
voyage au pays de Société, du coup il y aura deux articles chez
elle et deux chez moi, un peu comme un
feuilleton voyageur… Une jolie idée non ? Mais laissons Pascale nous raconter l'histoire...
Et voilà donc le deuxième article
avant que le troisième ne paraisse chez elle et que le suivant…
La genèse, ça commence au tout début,
je vous l’avais raconté ici, avec l’élevage des brebis
Le voyage du lait : de la brebis à la laiterie
Ces charmantes bêtes livrent chacune
en moyenne 3 litres de lait par jour, en deux traites. C’est
beaucoup moins qu’une vache, mais le lait de brebis est plus riche,
il contient 50 à 60 g de matière protéique par litre contre 30
pour le lait de vache, on peut donc faire plus de fromage avec la
même quantité de lait.
Ensuite, le lait est stocké sur
l’exploitation en attendant les camions qui passent quotidiennement
dans les 2000 points de collecte du périmètre et livrent à l’une
ou l’autre des deux fromageries Société, à Sainte-Affrique et à
Réquista.
C’est là que commence une traque
implacable aux bactéries et aux antibiotiques.
Avant que la citerne ne soit vidée, on
prélève des « poirettes » de lait pour un contrôle
d’antibiotiques dont on a le résultat en 7 minutes. S’il est
positif, le contenu entier de la citerne est détruit et
l’agriculteur a une pénalité.
On procède ensuite au contrôle de
bactéries pathogènes (listeria, salmonelles). S’il est positif,
le lait ne sera pas détruit, mais pasteurisé, et ne sera donc pas
utilisé pour faire du Roquefort.
Que les contrôles soient positifs aux
antibiotiques ou aux bactéries pathogènes, des techniciens partent
immédiatement effectuer des contrôles chez les éleveurs pour
déterminer de quelle exploitation vient le problème. Une fois
celle-ci identifiée, on analyse le lait de chaque brebis et on
écarte du troupeau la brebis concernée.
Ce processus prend 5 jours, donc le
lait de tous les producteurs de cette tournée ira pendant cette
durée à la pasteurisation.
Un petit résumé de la fabrication ?
Je simplifie un max parce que tout cela
est extrêmement technique, mais si vous avez des questions,
j’essaierai de répondre, promis ! Mon incompétence notoire
en cours de physique-chimie m’est revenue d’un coup, rude !
Mais avec le lait cru, on ne plaisante pas
Le lait est stocké dans des tanks au
froid pendant 24 h, le temps d’avoir les résultats de tous les
tests,
puis réchauffé à 32-33°pour
permettre le développement des bactéries lactiques (les bonnes
bactéries). Il n’en faut pas trop non plus, sinon le roquefort ne
sera pas bon (je vous ai dit que ce n’était pas simple)
On ajoute alors les ferments lactiques, responsables
des « ouvertures », les petits trous qui se forment dans
la pâte le pénicillium roqueforti, dosé au
laboratoire. C’est le champignon qui va se développer et donner la
jolie couleur bleue aux moisissures, et le goût, bien sûr ! il
en existe quatre sortes différentes, qui vont donner les quatre
variétés de Roquefort Société : le 1863 (le classique), le
Baragnaudes (une merveille d’onctuosité, mon préféré), le
Templiers et même un bio !
Les quatre pénicillium roqueforti sont
cultivés sur des pains de seigle, en bouteilles, ce qui permet leur
prolifération avant leur mise en dosettes calibrées pour les
contenances des cuves de lait.
Puis on ajoute en dernier la présure,
pour faire cailler le lait.
Tout cela est brassé pendant deux
heures.
Puis refroidi, et moulé.
Ensuite commence le cycle de 3 jours,
où les fromages seront retournés 5 fois dans des salles différentes
selon l’avancée du processus
Ils sont toujours contrôlés au plus
près, notamment par prélèvements pour vérifier l’avancée des
« ouvertures »
Dans ces moules, ils vont se tasser et
perdre une partie de leur poids en eau.
Puis, ils sont démoulés, marqués (date, provenance, ...),
toujours dans le processus de traçabilité,
Et salés pendant 2 jours sur toutes
les faces au sel de mer d’Aigues-Mortes.
Le sixième jour, les fromages sont
piqués mécaniquement pour favoriser l’entrée d’oxygène au
cours de l’affinage. Ils sont encore blancs, parce que l’action
du pénicillium roqueforti ne fait que commencer.
On les remet en caissons, puis sur
palettes, et direction la cave d’affinage !
Prochain
épisode : l’affinage dans les magnifiques caves de Roquefort
Société !
Restez connectés !
Mais pourquoi, vivement la suite des aventures du roquefort !
est-ce que je vous raconte ça…
J'ai reçu le livre de Roquefort Société et j'ai hâte de m'y plonger dedans pour découvrir l'histoire de cette grande maison ... Superbe article Pascale, ainsi que les photos !
RépondreSupprimerPrésure d'origine animale je suppose ? J'espère que la présure de nature végétale se répandra davantage. Qui sait, peut-être est-ce déjà le cas ici ? Si vous savez l'origine je serai ravie de l'apprendre.
RépondreSupprimerEt merci de tenir ce blog que j'adore :)
Je vais transmettre la question à Pascale peut-être qu'elle saura
Supprimer