lundi 22 décembre 2025

Voyage à San Daniele à la découverte du Prosciutto di San Daniele AOP

Arriver à San Daniele del Friuli, c’est d’abord une sensation. Quelque part entre les Alpes carniques et l’Adriatique, les paysages sont fait de collines, de forêts, et d’un territoire qui semble naturellement à sa place. Les forêts s’accrochent aux pentes, et, l’air circule comme s’il connaissait parfaitement son rôle.

San Daniele est une ville à taille humaine, où l’histoire se lit dans les pierres autant que dans les vitrines des charcuteries. 
La visite de la bibliothèque Guarneriana, avec ses manuscrits et ses volumes anciens, me rappelle que la culture du lieu ne se limite pas à la gastronomie. Ici, le temps long est une valeur partagée, presque revendiquée.

Ce temps long, je le retrouve évidemment dans le Prosciutto di San Daniele AOP. Lors de la visite des ateliers, je mesure à quel point la transformation reste volontairement sobre. 

Peu d’ingrédients, peu d’interventions, mais une succession de gestes précis, encadrés, répétés. Le jambon n’est jamais pressé. C’est lui qui impose son rythme, pas l’inverse.

Côté table, un détour par la Carnia s’impose. À Indiniò, Gloria Clama propose une cuisine gastronomique épurée, précise, profondément liée à la saison et au paysage, où chaque assiette cherche l’équilibre plutôt que l’effet. 

À San Daniele, l’Osteria di Tancredi propose une cuisine frioulane chaleureuse, ancrée dans les produits locaux, où tradition et créativité avancent tranquillement ensemble. 

Les dégustations, qu’elles soient improvisées autour d’une table ou plus cadrées lors de la masterclass sensorielle, confirment ce que je pressentais dès la première tranche : une douceur étonnante, un équilibre subtil, un gras fond naturellement en bouche. 
C'est un jambon qui parle doucement, mais longtemps.
 
Ce voyage n’est pourtant pas uniquement tourné vers le passé. 
Les rencontres avec le Consortium me montrent une filière consciente de ses responsabilités. À San Daniele, on ne se contente pas de protéger une tradition, on la questionne. Comment produire mieux ? Comment réduire l’impact environnemental sans trahir le produit ? Comment rester fidèle à un territoire fragile ?

La réponse passe par des choix concrets. L’usine de récupération des déchets salins, unique en Europe, en est un exemple frappant. 
Le sel et les saumures, autrefois considérés comme des résidus, sont aujourd’hui traités, régénérés et réutilisés. 
Une boucle vertueuse, discrète mais essentielle qui s'inscrit dans un projet européen 
 
Même logique lors du déjeuner autour du « pain durable », né de l’idée de transformer l’écorce d’arbres abattus par la tempête Vaia en ingrédient. Ici, rien n’est anecdotique : chaque projet raconte une volonté de faire autrement, sans discours inutile.

San Daniele ne cherche pas à impressionner.
Le jambon n’a pas besoin d’en faire trop, et le territoire non plus. Tout est à sa place, sans forcer. En repartant, je n’ai pas l’impression d’avoir assisté à une démonstration, mais plutôt d’avoir compris comment un produit peut rester fidèle à lui-même tout en acceptant de se remettre en question. Et aujourd’hui, ce n’est déjà pas si courant.

 
Mais pourquoi, j'espère vite retourner par là-bas... est-ce que je vous raconte ça...

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