Il y a quelques temps je discutais avec une de mes
lectrices des rapports complexes et quelquefois pour le moins compliquées que
nous entretenons avec la nourriture venant de nos origines et même parfois avec tout ce qui vient de par-là. Et nos échanges m'ont laissé penser que
dans ce domaine-là les choses sont rarement simples, vraiment très rarement...
Du temps de mes culottes courtes ma mère avait encore
quelques amies... Les plus résistantes, comme Maria, une " bonne femme
" dans tous les sens du terme. Maria en plus de son caractère assez flexible pour supporter le dragon pestant qu'était ma mère, était aussi une
sacrée foutue cuisinière.
Aller chez elle signifiait donc pour moi que j'allais
sortir du cercle monotone que ma mère considérait comme des repas, les fameux
steaks frits à l'huile accompagnés de légumes cuits, eux, invariablement à l'eau dont
j'ai déjà pas mal parlé par ici. En plus comme Maria était une remplisseuse de
table hors paire qui ne supportait pas le moindre vide, j'avais donc le droit de picorer dans une foultitude
d'assiettes, sans que personne ne trouve rien à redire... enfin sauf bien sûr ma
mère qui de toute manière avait toujours quelque chose à redire.
J'avais pris l'habitude de suivre Maria dans sa cuisine/salle
à manger, la pièce où tout
le monde finissait par arriver à un moment ou un autre, sa cuisine était le
centre de son monde.
Je la suivais sous le prétexte assez fallacieux de
l'aider, enfin de la regarder, Maria faisait partie de ces cuisinières qui ne partagent
pas leur tâches, alors que finalement la seule chose que je voulais vraiment
regarder c'était... sa fille !
Mais ça c'est une autre histoire...
Enfin c'est sans doute là que j'ai commencé à me rendre compte que les rapports entre la nourriture et nos origines peuvent être
complexes. Maria ne manquant pas une occasion d'affirmer ce qu'il fallait faire
ou pas et ce que les sauvages d'autres régions que Andalousie osaient faire...
C'est comme ça que j'ai appris deux ou trois choses
concernant le gaspacho, deux ou trois choses qui peuvent déclencher par là-bas
bien des débats et bien des fâcheries !
Aujourd'hui je suis moins regardant qu'elle mais pour une
fois, peut-être pour me souvenir d'elle et de la petite fille à couettes je me
suis dit qu'un gazpacho comme là-bas...
Gazpacho
de mis amores !
Ingrédients : 500g de tomates (j'ai utilisé des cœurs de bœuf
donc des tomates avec beaucoup de chair) – 30g de piment vert doux (utilisez
des gros piments comme on les trouve dans les épiceries de produits d'Afrique du
nord) – 60g de concombre - 1/2 gousse d'ail - 30g de mie de pain rassi (certains utilisent du pain de mie mais le pain de mie étant rare dans le sud
du sud je lui préfère le pain) - 6cl d'huile d'olive – 6cl d'eau – 1cl de
vinaigre de xérès – sel et poivre
Pelez et égrenez les tomates puis hachez-les grossièrement. Hachez grossièrement le
piment, le concombre et l'ail. Coupez aussi un peu de tomate, de concombre et
de piment en tout petits cubes pour parsemer sur les gaspachos avant de les servir.
Coupez le pain en cubes pas trop gros et mettez le dans
un saladier, couvrez-le avec les tomates, le concombre, le piment et l'ail et
oubliez le tout au frais pendant 1heure.
Versez le contenu du saladier dans le bol d'un mixer et
mixez le tout. Mélangez l'huile, l'eau et le vinaigre dans un bol puis ajoutez-le
dans le mixer en le laissant tourner, versez le liquide du bol en filet. Si
votre mixer ne vous permet pas de mixer et de verser en même temps rien de
dramatique ajoutez seulement le liquide en plusieurs fois. Assaisonnez et
redonner un tour de mixer.
Versez dans des petits bols, quelques petits cubes de
tomates, de concombre et de piment, un filet d'huile et c'est à consommer bien
sûr très très frais et sans attendre !
Petite précision concernant le gazpacho selon Maria, si
vous ne voulez pas finir en enfer ou pire pour un andalou être traité de
castillan ou de catalan, pas d'oignon, ni de poivron rouge dans le gaspacho !
Mais pourquoi, j'ai fini par y arriver à le faire ce
foutu gazpacho ! est-ce que je vous raconte ça...
C'est un peu comme le salmonejo non ? Mais je suppose qu'avec le gaspacho c'est comme avec la recette de la paella (moi je ne fais que la recette de la grand-mère sinon j'encours le crime de lèse-majesté !), il y en a une par espagnol. Elle fait envie cette recette en tout cas, je vais en faire dans la semaine... Mon fils qui ne mange pas de légumes adooore ces bons produits de sa chère Espagne (il a hâte d'y retourner). Bon Dimanche Dorian !
RépondreSupprimerj'adore!
RépondreSupprimerJe ne sais pas si la flamande que je suis fera un gaspacho bien andalou comme il faut....mais pas ces températures un peu chaudes, j'avoue que ce serait un truc à tester rapidement!.....
RépondreSupprimerLe gaspacho le regarder si délicieux, merci pour le partage.
RépondreSupprimerhttp://www.usineok.com
Encore de jolies lignes remplies de tendresse et d'une pointe de nostalgie! Cette fabuleuse Maria t'a sûrement insufflé cet amour de la bonne cuisine que tu partages si gentiment avec nous. En tout cas, ce gaspacho me comblera assurément, qu'il soit "de là" où "d'ici" :) :) :)
RépondreSupprimerUn gazpacho dans les règles de l'art! Merci à toi et à Maria (et peut-être aussi un peu à sa fille)
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